TRAVAIL NON, JOUISSANCE OUI !
/image%2F1941362%2F20201121%2Fob_f36cac_travail-non.jpg)
En Mai 68, beaucoup ont senti "qu'ils ne pourraient plus vivre comme avant, même pas un peu mieux qu'avant", grâce à l'espoir, vécu pendant quelques temps, de la grandiose possibilité d’un bouleversement total de la société. Pour devenir révolutionnaires, il ne leur reste plus qu'à connaître et à combattre cette chienne-rie de société, où l'homme est exploité par l’homme, et n'a aucun pouvoir réel sur sa vie.
Dans ce vieux monde pourri, tout est truqué - les mots cachent sous leur élégance les réalités les plus infectes. De la droite à la gauche, les baveux du réformisme et de la réaction, qu'ils portent l'habit du flic, du prof, du psychologue, du curé, du sociologue ou du poète, emploient le même vocabulaire pour habiller leur pourriture.
Crevons enfin l'abcès, et faisons jaillir le pus de ces belles paroles.
Société : vaste supermarché où règne la marchandise.
Vie : survie misérable, réduite aux impératifs de la production et de la consommation.
Homme : bétail à produire et à consommer, condamné à n'être que la pelure qui l'habille, et à vivre comme s'il n'avait rien dessous.
Amour Sexualité : Marchandises consommées suivant les lois de la morale ; aliénation des rapports sexuels selon l'équation ; un homme + une femme fabrication de gosses pour l'économie ; renoncement au plaisir et apprentissage du travail.
Sexe : cactus-qui-s’y-frotte-s'y-pique (pas touche !)
Mariage : union triviale de 2 condamnés à Vie.
Famille : nichée de flics qui bâillonnent et sanctionnent, tripotée de censeurs qui nous châtrent dès la naissance, et qui s'efforcent de nous faire oublier nos vrais désirs et nos saines furies.
Éducation sexuelle : dégueulis sordide, fiente putride macérée dans la "bonne moralité", copieusement servie par nos chers professeurs blottis dans les jupes/des "Helga" d'occasion.
Conjugalité : monstruosité faite couple jusqu'à la mort.
Morale : molosse dévertébré qui voudrait encore se poser comme défenseur des "bonnes mœurs" que nous vendent les roquets chrétiens et laïcs.
Érotisme : nouvelle mine d'or pour les publicitaires, nouvelle face cachée de la fesse au service des capitalistes, des marchands de choses, de loisirs et de culture.
Révolution sexuelle "à la suédoise" : jeune fille en mini-jupe faisant l'amour avec une voiture de sport.
Parler de Révolution, sans voir ce qu'il y a de subversif dans l'amour, et de positif dans le refus des contraintes, c'est forger les chaînes d'une autre espèce d'esclavage économique.
Parler de Révolution, sans affirmer que la Révolution doit avant tout changer radicalement notre vie quotidienne, c'est poser dès maintenant les bases de la contre-révolution bureaucratique.
La sexualité est le mode le plus élevé de communication des hommes entre eux. L'énergie sexuelle est l'énergie de la vie.
Dans la société moderne, tout est sous le pouvoir du système marchand. La sexualité ne fait pas exception. Il ne peut donc y avoir de révolution sexuelle sans révolution de l'ensemble de la société. Inversement, la révolution sociale ne peut exister que si elle englobe la révolution sexuelle.
Dans la société sans classes créée par la Révolution Prolétarienne, chaque individu deviendra réellement autonome, le système social ne sera plus géré par la domination, mais par la libre association des individus : nous pourrons alors ré-inventer la sexualité sans temps morts et sans entraves ; nous pourrons aimer sans réserve, et accorder à tous un droit sans limite au plaisir. L'activité sexuelle sera la réunion de deux ou plusieurs personnes autonomes pour 5 minutes ou plus, dans la joie et la liberté.
Un révolutionnaire qui n’aurait pas la volonté, de réaliser ses désirs par la Révolution ne serait qu'un cadavre.
À BAS LA MORALE !
NOUS VOULONS VIVRE !
PLUS DE TEMPS MORTS, PLUS D'ENTRAVES !
Comité d'Action pour le Pouvoir des Conseils Ouvriers
(Tract distribué en automne 1970 à St-Étienne)