INTERNATIONALE ECZEMISTE
/image%2F0617937%2F20201206%2Fob_18ed56_malade-imaginaire.jpg)
Nous, eczémistes, tenons à rapporter les points suivants :
1
Le grattage amène la démangeaison. Ainsi, il est extrêmement difficile de ne se gratter que «juste une fois ». L’exception du confinement de mars se prolonge jusqu’à aujourd’hui et tout est à parier que ce n’est pas terminé. L’État, gratteur compulsif, ne s’arrêtera pas là dans l’exercice du pouvoir. S’il a su nous gratter dans le sens du poil au début (héroïsation de certaines professions, tentative d’union nationale) il n’empêche que :
2
Il n’y a jamais eu de trêve pour l’exploitation. Quasi tout le monde continue de bosser et l’économie, le véritable urticant circule toujours aussi bien. Et si quelques secteurs pâtissent (industrie du tourisme, restauration, culture), le reste du monde continue allègrement sa course empoisonnée. Pour cela :
3
L’arsenal policier fait régner l’arbitraire, distribuant des prunes et harcelant les personnes qui auraient oublié leur « petit papier » ou leur « petit masque ». Une infantilisation de plus pour notre vie de tous les jours à l’école de cette république. Pire encore, la Loi de Sécurité Globale proposée par un député ex-chef du RAID est en train de passer à l’Assemblée. Véritable cocktail, cette loi pourrait faciliter encore plus la vidéosurveillance et la reconnaissance faciale, elle étendrait les pouvoirs de la police nationale aux flics municipaux et aux vigiles privés tout en interdisant le fait de les filmer... Tout cela nous amène à conclure que :
4
Pour vivre mieux, on peut toujours se gratter. Puisque la santé a été un prétexte pour l’État de déployer son arsenal sécuritaire, de ré-autoriser certains épandages et pesticides, de subventionner l’industrie, on pourrait le prendre à son propre jeu, en criant haut et fort :
La santé d’accord parlons-en !
Quand viendra-t-on à bout de nos ulcères, de nos dépressions, de nos angoisses et de nos cancers ? Quand nous débarrasserons-nous du (stress au) travail, de la précarité, de la taule et de la pollution ? Toutes ces nuisances qui, comme autant d’eczéma boursouflent nos vies, nos relations et nos corps, de bubons, rougeurs et cicatrices. Ce sont là les véritables fléaux qu’il faut combattre.
Nous eczémistes ne croyons ni à l’État ni à la cortisone pour soigner nos maux. Cacher les symptômes ne suffit plus. Nous crevons de nos vies de merde, de la pollution industrielle, sécuritaire et télévisuelle bien plus que de n’importe quel virus.
ECZEMISTES, NE NOUS LAISSONS PLUS PASSER LA POMMADE !
—
L’internationale eczemiste se réunit pour l’instant dans des lieux privés (parfois avec l’amicale des rongeurs et rongeuses d’ongles). Ce sont des moments où l’on peut discuter des différentes manières de se gratter discrètement mais aussi de tout ce qui nous démange en général.