BERCY S'ATTAQUE AU CHÔMAGE DES SÉNIORS !
Après avoir repousser l'âge de la retraites le gouvernement veut réduire la durée d'indemnisation des séniors au chômage... alors que la plupart ne trouve pas de travail !
Dans une interview donnée à La Tribune du dimanche, le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno le Maire et le ministre délégué aux Comptes publics, Thomas Cazenave, ont évoqué plusieurs pistes pour redresser les comptes publics. Avec, entre autres, le durcissement des règles sur le chômage des seniors.
Jusqu'à présent un chômeur de plus de 55 ans, peut bénéficier d'une durée d'indemnisation plus longue, jusqu'au 27 mois au lieu de 18 mois pour les autres chômeurs. Au-delà de 62 ans, un chômeur peut également, à certaines conditions, continuer à toucher ses allocations chômage jusqu'à sa retraite à taux plein. Bruno le Maire veut réduire cette durée d'indemnisation.
L'idée de durcir ces règles pour les seniors n'est pas nouvelle. Dans le cadre de la négociation sur l'assurance-chômage, le gouvernement avait demandé aux partenaires sociaux d'adapter ces critères à la récente réforme des retraites. Autrement dit, de décaler tous ces avantages de deux ans. Les syndicats s'y sont néanmoins opposés.
Faire travailler les séniors, une tartufferie !
Contrairement à ce qu'affirme Bruno le Maire le chômage des séniors n'a rien d'une pré-retraite, la plupart des séniors se retrouvent au chômage parce qu'ils ne trouvent pas d'emploi ! Trop qualifié, trop d'expériences, les raisons évoquées par les entreprises pour ne pas les embaucher sont nombreuses.
De plus, « Pour 81 % des cadres seniors, l’entrée au chômage est la conséquence d’une perte d’emploi non volontaire. La rupture conventionnelle à l’initiative de l’employeur est le motif principal de rupture du contrat de travail. »
"Les entreprises n’aiment pas les vieux et encore moins les vieux malades."
Mais cette réalité ne fait pas peur à Bruno le Maire qui entend mettre les séniors au turbin !
"Si une personne de plus de 55 ans n'a pas de difficultés physiques, de troubles musculo-squelettiques et qu'elle n'a pas eu un métier pénible, on a besoin d'elle" insiste-t-il.
Et bien peut-être que les ministres n'ont pas de problèmes musculaire à 55 ans passé mais ce n'est pas le cas de la plupart des travailleurs !
On achève bien les vieux
C'est de notoriété publique, les conditions de travail toujours et de plus en plus exigeantes, fragilisent celles et ceux qui, avec l’avancée en âge, rencontrent des problèmes de santé, des maladies chroniques, ou une usure du corps.
C'est le poids de cette pénibilité de plus en plus difficile à supporter qui a poussé des milliers d'entre nous à prendre la rue contre la réforme des retraites début 2023 !
"Le sentiment d’injustice des Français face à cette perspective est d’autant plus profond que les mauvaises conditions de travail subies au cours de la vie professionnelle ont souvent une part de responsabilité importante dans la dégradation de la santé. Travail de nuit, postures pénibles, port de charges, pression temporelle, gestes répétitifs sont autant de contraintes qui participent de l’installation de problèmes de santé au cours du temps. A la longue, ces derniers finissent par devenir handicapants et compromettent le maintien au poste de travail.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Un salarié sur deux qui fait valoir ses droits à la retraite n’est déjà plus en emploi. Il est au chômage de longue durée, en maladie, au RSA ou en invalidité. Chaque année, ce sont plus de 130 000 travailleurs qui sont licenciés pour inaptitude."
Par ailleurs, les problèmes physiques ne sont pas les seuls, des psychologues ont souligné l'importance des souffrances psychologiques dans la pénabilité au travail et critiquer le fait que celle-ci ne soit jamais reconnue et prise en compte !
"Les troubles psychologiques sont la deuxième cause des arrêts maladie en 2022 : 20% des arrêts maladie vs 11% en 2016 (2) . N’est-ce pas suffisant pour élargir la définition de la pénibilité ? La population ne devient pas plus folle, elle s’épuise à chercher dans ses propres ressources les moyens de faire face.
Alors que penser d’un accès à la retraite que ce gouvernement entend faire reculer sans tenir compte de la progression des épuisements professionnels, des démissions et de la pression psychologique que génèrent des organisations du travail délétères ? Charge mentale qui devient de plus en plus lourde face aux injonctions du « travailler plus à moyen constant », face au numérique qui envahit la sphère privée et invite le travail à la maison, face aux déplacements chronophages… Considérer la pénibilité du travail, c’est la considérer dans toutes ses acceptions."
Initialement, l'emploi des seniors devait être discuté dans le cadre du projet de réforme "loi plein-emploi". Le 14 novembre 2023, ce texte a été adopté, mais le 16 novembre 2023, le Conseil constitutionnel a été saisi d'un recours contre celui-ci par les députés socialistes, écologistes, communistes et de La France insoumise.
Le texte a finalement été publié le mardi 19 décembre 2023 (1), mais il revient finalement aux syndicats et aux patronats de trouver des solutions tangibles sur ce sujet.
Les organisations de salariés et d’employeurs ont 4 mois pour tenter de parvenir à un accord.
Dans cette optique a commencé, le 22 décembre 2023, une nouvelle négociation destinée à permettre la conclusion d'un nouveau "pacte de la vie au travail". Cette première réunion visait à l'élaboration d'un calendrier et à la mise en place d'une méthode de travail à suivre.
Syndicats et patronat doivent entrer dans le vif du sujet en ce mois de janvier 2024.
Le gouvernement a cependant toujours pour objectif d'économiser : 440 millions d'euros sur la période 2024-2027, un point critiqué par plusieurs syndicats, dont la CGT.
En novembre 2023, Eric Chevée (CPME) a déclaré en se réjouissant : "Les fins de carrière payées par l'assurance chômage, c'est terminé".
À nous de montrer qu'il a tort !
Si ce plan est mis à execution, le gouvernement va juste retirer les moyens de subsistance des séniors au chômage... ou les pousser au RSA où ils devront travailler gratuitement pour recevoir des allocations grâce à la réforme de France Travail.
/image%2F0617937%2F20240112%2Fob_1cff0b_bosser-jusqu-a-ma-mort.jpg)